• Voici en résumé bien-sûr, l'histoire d'une personne qui m'est chère, Agnès Sobanski-Struzik. Ce nom ne vous dit rien car elle fait partie de ces millions de personnes qui ont connu les horreurs de la seconde guerre mondiale. Pour ses actes de résistances, elle a reçu de la nation la Légion d'honneur. Elle est incroyable, le cœur sur la main, elle est pour moi un exemple tout simplement. J'aimerai avoir dans ces moments difficiles qu'elle a vécu la même force de caractère et le même courage... Je ne sais pas si je l'aurai eu... Agnès oui. J'aimerai lui dire : "Merci" pour tout cela, car par sa volonté  de combattre l'occupant nazi, elle nous a permis de nous rendre plus rapidement notre liberté.

    « MA MAIN tremble tellement je suis émue de pouvoir enfin vous écrire... Je suis en bonne santé, malgré toutes mes misères. » En cette journée du 27 avril 1946, après quatre ans de silence, Agnès Sobanski-Struzik peut enfin donner des nouvelle à  sa famille. Une carte postale. « Je ne savais même pas si mes parents étaient encore vivants. J'avais peur de rentrer.»


    Dans sa coquette chambre de la maison de retraite de Vieux-Berquin, la fille de mineur raconte sa déportation. Du sourire aux larmes. Cette femme d'origine polonaise a le regard vert pétillant de vie. Le regard fatigué aussi. « J'ai mal dormi. Je sais qu'il faut que je parle. Je suis un peu stressée. »
    Agnès Sobanski a 38 ans lorsqu'elle est arrêtée, à Douai. « J'étais entrée dans la Résistance. L'appel du général De Gaulle y a été pour beaucoup

    "Ils répétaient mon âge, 18 ans"


    La jeune femme vit chez sa patronne, dans une maroquinerie. « On hébergeait des prisonniers évadés. Une fois, on nous en a amené trois, cachés dans une grande citerne à purin !  » Jusqu'au 21 octobre 1941. « Il faisait nuit. La Gestapo a fracassé la porte. » « Auf Stehen ! » criaient les Allemands, «  levez-vous ! ».« Je ne voulais pas me lever. » Ils sont si précis les souvenirs d'Agnès, si précis... « lls m'ont pris par la peau du dos. lls m'ont dit : « Vous voilà enfin ! » ». Donc, j'étais surveillée. J'ai appris par la suite que nous avions été dénoncées.»


    Premier interrogatoire à Lille. « Ils ne cessaient de répéter mon âge, 18 ans, 18 ans, ils étaient sidérés. » On l'emmène à la prison de Loos, au cachot. « Ce que je n'oublierai jamais, c'est quand ils ont claqué la porte derrière moi. Et le bruit de la clef dans la serrure... Cette prison était immonde. J'étais couchée sur un grabat. J'ai attrapé la gale et des poux ».
    Nouveaux interrogatoires. Coups. Menaces de mort. Changement de cellule. La captiver rencontre d'autres femmes. « Je chantais. Je chantais toujours, même en prison. Il fallait s'en sortir. Il fallait que je m'occupe l'esprit.» Agnès esquisse un sourire, le regard lointain. « Je m'imaginais que j'allais à telle soirée, que je portais tels vêtements... »

    "Pierrette, Myrtis et les autres..."


    La prisonnière est déportée en Allemagne « Le 5 août 1942. On nous a fait monter dans une espèce de wagon à bestiaux, il y avait de la paille fraîche, au départ ». Le début de mois de prison et de travaux forcés. D'Essen à Zweibrucken, de Mesum à Kreuzburg, puis à Jauer... Agnès fait la connaissance de Pierrette, de Myrtis et des autres... « Beaucoup sont restées là-bas. » Des larmes.
    Le jour du jugement arrive. « J'ai été condamnée à mort. Mais vu mon âge, j'ai eu mon recours en grâce. »
    Le pire approche. Le 21 janvier 1945, « le jour de la Sainte-Agnès », le jour où elle débarque au camp de concentration de Ravensbruck. « Je vois encore la grande grille, immense, "Arbeit Macht Frei" (le travail rend libre). Et cette odeur ! À la porte, j'ai dit: "Ici, c'est l'enfer !" » Elle ignore ce qui produit cette fumée.

    "Elle nous narguent"


    « On nous a laissées dehors une partie de la nuit, dans la neige. Puis, on nous a fait entrer dans un baraquement. Le plancher était gluant. On a dû se déshabiller complètement: Il fallait tout donner à une SS. J'avais gardé une petite bague. Les SS ont retrouvé un bijou sur une autre femme. Elle a été battue à mort, devant nous. J'ai donné la bague..: On est là, toutes nues, devant ces femmes SS. Sous leurs calots, elles nous regardent; elles nous narguent. Nous sommes comme des bêtes. J'avais !e matricule 102391. »
    Elle apprend vite d'où vient cette fumée. « quand j'ai vu passer une charrette avec des cadavres. » Dysenterie, malnutrition, mauvais traitements, humiliation, saleté... « On, puait, vraiment, on puait. » La mort. « Odette est décédée, puis une autre, et l'une après l'autre. Au bout de quelques jours, c'était l'hécatombe complète. »
    Il y a encore « pire ». Il y a le camp de Reckling: « On travaillait sur un champ d'aviation, on creusait, on nous sélectionnait. C'était la mort ou le travail. » Agnès se disait : « Redresse toi, marche bien droit. » Elle se frottait les joues avec de la neige pour paraître plus rouge, plus en vie. « Je me souviens avoir entendu : "La grande là-bas, elle peut encore travailler". La jeune femme est reconduite à Ravensbruck. Jusqu'à la libération du camp, le 18 avril 1945.,« Un grand camion blanc avec une croix rouge. » La Croix Rouge suédoise. Elle dit que c'est l'espérance qui l'a sauvée, Agnès. L'espérance de revoir sa famille. L'espérance de vie.
    Ses parents, ses frères, elle les retrouve, vivants. La famille s'est même agrandie. Jamais Agnès ne leur parle de l'enfer. Pourtant, chaque jour, chaque jour depuis soixante ans,. « il y a toujours quelque chose, un petit rien parfois, qui me rappelle tout ça... »

    Propos recueillis  pour le journal « La Voix du Nord ».


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  • Petit changement de propriétaire et de nom, le Lounge Café a laissé place au Drugstore... Allez-y les prix sont raisonnables et la musique agréable (ex SuperGrass etc.) Il y a même des posters de Jim Morrison, Orange Mécanique, Pulp Fiction... Et pour vous les filles le serveur est canon ;-).

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  • Voici les fameuses Soeurs de la pérpétuelle indulgence !

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